Le rapport du sénateur Bargeton laisse la musique dans l’impasse

Loin de réconcilier les points de vue, le rapport du sénateur Bargeton alimente les fractures au sein de la filière musicale et apporte de nouvelles pistes de dissensions. Non seulement il ne documente pas les besoins supposés du Centre national de la musique, mais il fonde ses préconisations sur une analyse erronée de la dynamique actuelle du streaming et de ses acteurs.

Au nom de l’équité, il creuse en réalité l’iniquité entre spectacle vivant et musique enregistrée, signant l’échec d’une politique juste qui prendrait en compte les efforts contributifs de chaque secteur.

Avec une TVA à taux plein et malgré un chiffre d’affaires inférieur, la musique enregistrée verse déjà 170 M€ de plus au budget de l’État que le spectacle vivant au plus fort de sa capacité contributive. En parallèle, elle devrait toucher un montant d’aides 10 fois moins élevé de la part de l’établissement public cette année.

Le rapport préconise de renforcer encore ce déséquilibre, d’une part en proposant la création d’un nouvel impôt sur le streaming dont notre secteur devrait s’acquitter, d’autre part en divisant par deux le taux de la taxe billetterie.

Par ailleurs, les propositions du sénateur nuisent à la diversité musicale, allant jusqu’à proposer une pop d’État, à l’image de la K-pop en Corée du Sud, au détriment des courants les plus populaires aujourd’hui tels que le rap, et des esthétiques les plus fragiles. Elles favorisent enfin paradoxalement l’hyperconcentration et la surenchère sur les cachets dans le spectacle, creusant les inégalités entre producteurs, et accroissent le risque de connivence et d’arbitraire dans l’attribution des aides publiques.

Alexandre Lasch, directeur général, déclare : « Aller dans le sens du rapport signifierait l’échec du soutien des politiques publiques envers nos champions nationaux et européens au moment où ils font face à la concurrence de nouveaux entrants comme TikTok, qui gardent leurs audiences captives sans rémunérer les créateurs. Il existe des alternatives pour financer le CNM, soutenues par les artistes, auteurs, compositeurs, éditeurs et producteurs mais balayées d’un revers de main par le sénateur. D’autres pistes pourtant débattues au cours des derniers mois ont même été ignorées. L’État n’est pas obligé de faire le choix d’une politique injuste et dangereuse. »

Contact : Patricia Sarrant – 06 46 39 40 31