Les Victoires de la musique ont remporté cette année une de leurs plus belles audiences depuis longtemps, certainement portées par l’embellie des ventes de disques et en particulier d’artistes français ou francophones en 2013.

Avec quelque 3 millions de téléspectateurs soit plus de 15% de part d’audience, la cérémonie de remise des prix des Victoires de la musique bat très largement son score de l’année précédente (2,4 millions de téléspectateurs, et une part d’audience à peine au-dessus des 11%). Si plusieurs facteurs peuvent expliquer ce renouveau, il est évident que l’engouement pour la musique française et francophone que soulignait également le Snep et qui s’est illustré en 2013 avec des ventes à la hausse, n’y est pas pour rien.

En effet 17 des 20 meilleures ventes sont des albums d’artistes francophones, avec bien évidemment en première place le belge Stromae qui a écoulé pas moins de 835 000 exemplaires de son « Racine Carrée » en 2013, et qui devance donc de très loin les Daft Punk (488 000 albums vendus), Les Enfoirés (408 000), Maître Gims (383.000 albums écoulés) ou encore Christophe Mae, Zaz ou Génération Goldman. Par ailleurs, sur les 200 meilleures ventes d’albums (qui représentent 35% des ventes totales d’albums) on trouve 59% d’artistes francophones et 92% d’entre eux chantent en français.

Un constat un peu plus nuancé en ce qui concerne les singles, mais ce sont encore des Français qui ont tenu le haut du pavé avec les 348 000 ventes du titre « Get Lucky » du duo électro le plus connu de la « french touch » et le belge Stromae qui occupe les quatrième et cinquième places avec « Papaoutai » et « Formidable » (qui se sont vendus respectivement à 201 000 et 165 000 exemplaires) tandis qu’on retrouve le membre de Sexion d’assaut en huitième et neuvième positions avec « J’me tire » (156 000 ventes)  et « Bella » (153 000 ventes). En tout, les français ou francophones n’occupent que 5 places sur 20 dans ce classement, ce qui reste un net progrès puisqu’en 2012, il n’y en avait aucun dans le top 5 des singles.

Année faste pour la chanson française et les artistes francophones donc, ce qui s’est reflété dans la diversité des Victoires de la musique qui ont donné à voir autant les plus chevronnés et « mainstream » comme Adamo, Stromae, Julien Doré, Christophe Mae, Johnny Hallyday, Indochine ou Vanessa Paradis que des groupes ou musiciens plus « pointus » comme La Femme, Cats on Trees ou Ibrahim Maalouf.

Les Victoires de la Musique 2014 ont séduit 3.1 millions de téléspectateurs. Une audience en hausse qui confirme les bons scores de la production française auprès du public. Revenons sur plus de 2 heures de spectacle, à travers deux prestations qui nous ont séduit :

Une rencontre inédite : celle d’Asa (récompensée lors du Prix Constantin 2008), Grand Corps Malade et Ibrahim Maalouf. Trois artistes d’exception réunis sur la scène des Victoires de la Musique pour une prestation à donner la chair de poule. Ibrahim Maalouf recevra également le Prix de l’Album de l’année dans la catégorie Musique du Monde.

Autre artiste francophone, le groupe La Femme est composé de membres issus des quatre coins de l’hexagone : Biarritz, Bretagne, Marseille et Paris. Les influences « surf music » du groupe sont indéniables et se ressentent jusque dans la mise en scène. Une performance originale qui devrait faire découvrir ce groupe sorti de la confidence ces derniers mois. Leur album « Psycho Tropical Berlin » a quant à lui été sacré « Album Révélation ».

Interviewé par l’AFP, Aurélie Filippetti, ministre de la culture, souligne la richesse de la production francophone et le rôle des quotas dans ce succès.

Pour tous ceux qui comme nous ne se lassent pas de revoir ce spectacle unique, Les Victoires de la Musique ont créé un channel Youtube avec tous les live.

Les téléspectateurs des Victoires de la musique n’ont pas attendu la fin du weekend pour s’offrir les albums des artistes qu’ils ont découverts ou redécouverts lors de la diffusion de la cérémonie sur France2 vendredi soir. Profitant d’une offre en ligne riche et clairement identifiée, ils ont été nombreux sur leurs ordinateurs, téléphones et tablettes à se procurer les albums numériques des artistes qui jouaient en live et en direct. Nommés et lauréats ont bénéficié d’une exposition trop rare à la télé et dont l’effet prescripteur est parfaitement illustré par les chiffres des ventes.

A noter : « l’effet Victoires » n’a joué dans le classement que sur les deux derniers jours de la semaine, le comptage s’arrêtant le dimanche soir.

Nous vous laissons découvrir cet excellent effet de levier grâce à l’infographie suivante.

Effet Exposition Victoires 1 Effet Exposition Victoires 2

En pleine saison des Awards et autres Victoires de la Musique, l’IFPI vient de mettre en ligne une vidéo inédite et originale célébrant un siècle de musique.

Prenant la forme d’un grand domino, le plan séquence filmé dans les fameux studios Abey Road à Londres illustre d’une manière créative et décalé toutes les innovations et créations qui ont fait la musique d’hier et d’aujourd’hui. La bande originale a reçu le même traitement : un « medley » de grands titres que vous reconnaîtrez sûrement créé la trame sonore de cet historique, finissant sur la boucle entêtante de « Get Lucky » des Daft Punk. La vidéo s’achève sur une signature profonde et émouvante : « ce qui reste, c’est la musique ».

Aux manettes de la caméra : Steve Milbourne, directeur créatif chez Sony Music à Londres.

Comme chaque année, de nouveaux artistes rejoignent les bancs des « talents confirmés ». Il s’agit des artistes ayant reçu deux albums certifiés « or » (50.000 exemplaires).

Cette année, sans surprise, ce sont quatre artistes ou groupes connus et reconnus du public qui quittent  le statut de « Nouveaux Talents ».

Voici leurs noms :

  • Stromae
  • Les Stentors
  • Tal
  • Zaho

Bravo à eux pour leurs talents ainsi qu’aux équipes et labels qui les accompagnent au quotidien dans leur réussite.

LES 21èmes VICTOIRES DE LA MUSIQUE CLASSIQUE
Palmarès

Soliste instrumental

Nemanja RADULOVIC, violon

Artiste lyrique

Julie FUCHS, soprano

Révélation, soliste instrumental

Adrien LA MARCA, alto

Révélation, artiste lyrique
Stanislas de BARBEYRAC, ténor

Compositeur

Richard GALLIANO Fables of Tuba (création)

Enregistrement

DUTILLEUX CORRESPONDANCES
Barbara Hannigan, Anssi Karttunen
Orchestre Philharmonique de Radio France dirigé par Esa-Pekka Salonen
Deutsche Grammophon

 

Cahiers pédagogiques 2014

L’impact des loisirs des adolescents sur les performances scolaires

Alain Lieury et Sonia Lorant

Les élèves ont changé, les livres sont remplacés par l’ordinateur et les jeux de la cour de récréation ont laissé la place au téléphone portable. Ce sont les « ?enfants du numérique? ». Avec quelles conséquences négative ou positive sur les performances cognitives ou scolaires des élèves ? La pratique intensive de jeux vidéo améliore-t-elle certaines capacités cognitives comme on le dit parfois ? Le temps passé à téléphoner et échanger des SMS a-t-il des conséquences négatives sur les performances en lecture et en compréhension ? Bref, quelles sont les nouvelles habitudes de nos ados et les impacts éventuels sur leurs performances scolaires à l’ère du numérique ?


L’enquête de la DEPP sur les loisirs des élèves de 3e

Cette enquête en 2008 chez des enfants de 11 ans, ne révélaient pas d’impact des loisirs, mêmes fréquents sur les performances scolaires et cognitives. Mais depuis les technologies du numérique ont explosé et envahi notre quotidien. C’est pourquoi la DEPP avait prévu une nouvelle enquête trois ans plus tard (en 2011) sur un large échantillon représentatif de 27 000 adolescents français (14 ans et demi) en classe de 3e de collège.
Cette enquête est l’objet de cet article. Dans cette étude, le questionnaire a été conçu pour détailler les thèmes ou les genres des loisirs, par exemple, si les jeux vidéo sont des jeux d’action/combat/plateforme ou des jeux de stratégie, ou de sports. Pour le questionnaire sur les loisirs (48 items), les élèves devaient cocher une case d’une échelle de Lickert en 5 échelons selon la fréquence estimée de leur activité (tab.1).

Tableau?1 : Exemples de questions concernant les activités extrascolaires

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De nombreux tests ont été utilisés : deux tests de lecture/compréhension, douze tests de maths répartis en trois catégories (arithmétique, algèbre, géométrie), un test de mémoire, etc. Les analyses montrent qu’il n’y a pas de différences statistiquement significatives entre les résultats des garçons et ceux des filles, qui peuvent donc être considérés comme équivalents.

Le Top 10 des loisirs des ados

Voici le Top 10 des loisirs préférés des ados, c’est à dire le classement des loisirs les plus fréquentes (en?%), c’est à dire correspondant à la réponse « ?1- tous les jours ou presque? » (fig.?1). Les deux activités les plus fréquemment pratiqués par les adolescents de 14 ans (et demi) sont l’écoute des musiques actuelles, rock, hip-hop, etc. (79?%) et de téléphoner ou d’envoyer des SMS (78?%). Vient ensuite la communication par internet avec ses ami (e) s (73?%), par exemple avec Facebook. La quatrième activité au dessus de 50?% est la navigation sur internet (61?%). Les autres loisirs concernent la téléréalité (42?%), la recherche d’infos people sur internet, les chansons et les films d’action/policier/fantastiques.

Fig.?1 : Classement des loisirs préférés des élèves de 3e (27 000 élèves) pratiqués « ?tous les jours ou presque? »
(Cliquez pour agrandir le document)

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La totalité des activités de ce Top 10 sont des loisirs « ?numériques? » et utilisent le téléphone, l’ordinateur, la télévision (qui désormais est numérique) ou des appareils musicaux… Le premier loisir d’une activité réelle et non virtuelle, les activités physiques ou sportives n’apparaissent qu’à une fréquence de 26?% (non représenté sur la figure).

Les Loisirs préférés dans la semaine

Quatre activités dominent aux environs de 90?%, l’écoute des musiques actuelles, le téléphone et SMS, Internet pour la communication et la navigation sur Internet. Viennent ensuite aux environs de 75?% les activités physiques et sportives, les émissions de téléréalité et les films d’action. Parmi ces huit activités au-dessus de 75?%, sept sont des loisirs numériques, musique, téléphone, internet et télévision.

Fig.?2 : Classement des loisirs préférés des élèves de 3e (27 000 élèves) « ?tous les jours ou presque? » +?« 1 à 2 fois par semaine? »
(Cliquez pour agrandir le document)

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Enfin, par ordre décroissant (figure?2), voici quelques exemples d’activités des adolescents, voir des copains et copines (68?%), écouter des chansons ou variétés françaises (58?%), regarder des films ou séries comiques (56?%), dessins animés (53?%), des sports (à la télévision, 47?%), jouer aux jeux vidéo d’action (44?%). La lecture n’apparaît pas comme une activité préférée, et c’est le journal ou magazine d’actualités qui sont préférés (34?%) ; viennent ensuite les bandes dessinées (et/ou mangas, comics, 31?%) qui sont lus plus fréquemment que les revues sur l’histoire ou les sciences (22?%) ou les œuvres littéraires de grands auteurs français ou étrangers (16?%). Enfin d’autres activités sont très rares comme de participer à des associations de jeunes ou aller au théâtre (2?%).

Pour la plupart des activités, les filles et les garçons ont des choix équivalents, comme de naviguer sur internet, regarder des dessins animés ou lire des journaux. Mais certaines activités sont nettement différentes. Chez les garçons prédomine le besoin d’action, comme pour les jeux vidéo d’action, ou de sport, où les différences avec les filles sont considérables, (75?% contre 14?%), les films d’action et de combats (guerre, arts martiaux, 49?% contre 13?%), etc. Ainsi quand les garçons préfèrent les bandes dessinées (37?% contre 25?%), on peut penser que ce sont plutôt le genre « ?action? » qu’ils viennent chercher (mangas, comics…). Les filles, quant à elles, téléphonent un peu plus que les garçons mais pas autant que le stéréotype le laisserait penser (93?% contre 84?%). En revanche, elles regardent plus des émissions de téléréalité (83?% contre 65?%). La différence la plus importante est dans le choix des films et séries romantiques (55?% contre 20?%), ce qui fait un net contraste avec le choix des garçons pour les films d’action. Sur le plan culturel, elles lisent plus de grands auteurs français ou étrangers, romans, poèmes, et plus encore de romans policiers et probablement fantastiques (Twilight, Harry Potter). En résumé, les garçons sont nettement plus tournés vers l’action alors que la sphère de loisirs des filles est plus intimiste et sentimentale.

Quel est l’impact des loisirs numériques sur les performances scolaires et cognitives ?

Les résultats montrent clairement les loisirs positifs ou négatifs pour les performances cognitives scolaires. La lecture est la plus bénéfique, puisque les changements liés à une pratique fréquente sont favorables à tous les tests, notamment à la compréhension (+10%) et surtout à l’acquisition de connaissances (+20%). Les jeux vidéo n’ont pas d’influence, et notamment, on remarque qu’il n’y a aucune amélioration pour le raisonnement, ce qui infirme l’hypothèse de transfert de la pratique des jeux vidéo sur l’intelligence fluide, comme l’ont supposés certains chercheurs. A l’inverse, jouer aux jeux vidéo (action, combat, plateforme) n’a pas non plus d’incidence négative. Téléphoner très souvent a une incidence mais faible, sauf pour l’acquisition des connaissances de ceux qui téléphonent (ou envoient des SMS) (-10?%). Mais c’est le visionnage très fréquent des programmes de téléréalité (et également les séries romantiques) qui a l’impact le plus négatif sur les performances cognitives et scolaires, de -11?% pour les maths à -16?% pour les connaissances.

Quand on contraste la pratique fréquente de certains loisirs, on s’aperçoit que leur influence n’est pas négligeable. Ainsi, si l’on compare le visionnage de programme de téléréalité à la lecture de romans (policiers ou de littérature), la différence est de 35?% pour les connaissances scolaires (mémoire encyclopédique) ce qui correspond à plus d’un tiers de la note. Traduit en note scolaire traditionnelle, un élève moyen qui lit beaucoup aurait une note de 14 sur 20 (+20%) comparée à une note de 8,5/20 (-alors qu’un élève qui est « ?accro? » à la téléréalité aurait 8,4 sur 20 (-16?%).

Dans l’ensemble, la majorité des loisirs, comme les jeux vidéo, n’a pas ou peu d’influences sur les performances scolaires et cognitives, ce sont des loisirs qui permettent la détente, ou l’expression des dimensions affectives et sociales des élèves (téléphone, sms). Mais la pratique trop fréquente de la télé (ou vidéo sur ordinateur) est associée à de moindres performances. A l’inverse, la lecture est bénéfique. Pourquoi ? La raison principale en est la richesse de vocabulaire. Hayes and Ahrens (1988 ; Cunningham & Stanovich, 1998) ont montré un nombre de 1 000 mots différents en moyenne dans des livres mais jusqu’à 4 000 mots différents dans des magazines scientifique. Même le vocabulaire de bandes dessinées (867) est plus riche que celui d’émissions populaires en prime time pour les adultes (598 mots). Ces chiffres sont mêmes faibles par rapport aux manuels scolaires qui comptent jusqu’à 6 000 mots en plus du vocabulaire courant en 6e et jusqu’à 24 000 en 3e, niveau scolaire des élèves de notre étude (Lieury, 2012). En conclusion, oui aux loisirs numériques à dose raisonnable, mais l’école reste la vraie source de stimulation du cerveau.

Alain Lieury
Laboratoire de psychologie expérimentale, (CRP2C, EA 1 285), université Européenne de Bretagne (Rennes2)

Sonia Lorant
Laboratoire interuniversitaire des sciences de l’éducation et de la communication (LISEC, EA 2310), Université de Strasbourg, (IUFM d’Alsace)

Cette étude a été planifiée par la DEPP (Département de l’Evaluation, de la Prospective et de la Performance), Ministère de l’Education Nationale, Paris avec : Bruno Trosseille, Chef du bureau de l’évaluation des élèves ; Françoise Champault, Chef de Projet ;Thierry Rocher, Marion Le Cam et Ronan Vourc’h du département de statistiques et plusieurs chercheurs dont les auteurs.

Références

Lieury A., Mémoire et Réussite scolaire (4e ed.), 2012, Dunod.

Lieury A., Lorant S, Champault F., Le Cam M., Vourc’h R., « Loisirs numériques et performances cognitives et scolaires : une étude chez 27 000 élèves de la 3e des collèges », Bulletin de Psychologie, 2014, à paraître.

Les éléments de la présentation faite lors de la conférence du SNEP sont disponibles dans ce PDF.

Pour la première fois depuis 2002, le marché retrouve la croissance (+2,3%), après avoir connu une contraction de 62%.

La marché du physique est en légère progression, tandis que le numérique est stable comparé à 2012.

2013 est une année marquée par le succès d’albums qui ont atteint des niveaux de ventes très élevés : Stromae, Zaz, Daft Punk, Maitre Gims, Les Enfoirés, Christophe Maé… La production francophone se porte bien avec 17 albums parmi les 20 meilleures ventes.

PRESENTATION-MIDEM-03-FEVRIER-2014