Spotify vs Google : les deux modèles de la recommandation

Nous en parlions dans un précédent article, la recommandation et les divers systèmes qui la rendent techniquement possible et pertinente est l’un des enjeux majeurs de la musique en ligne. Face un catalogue qui atteint les 20 millions de morceaux uniques*, mais également face au déficit de d’émission musicale dans les médias traditionnels, l’utilisateur 2.0 aimerait qu’on lui propose le bon titre au bon moment. Et à ce jeu-là, deux grandes stratégies se développent.

« Human After All »

Songza, dont nous annoncions hier le rachat par Google, est une plateforme de recommandation basée sur l’humeur de ses auditeurs. Selon vos états d’âmes, le lieu et l’heure de la journée, Songza vous propose une playlist cohérente avec des morceaux adaptés – à votre jogging ou un afterwork entre amis par exemple. Le système ne recherche donc pas forcement des morceaux similaires, mais complémentaires, correspondant au contexte d’écoute spécifié, et surtout, choisis par des « experts ». Cette implication humaine, Songza la revendique comme élément de son ADN, et c’est ce qui la sépare du second système, les algorithmes.

« Machine Music »

Avec la multiplication des outils d’écoute en ligne, les sites tels que Youtube, Rdio ou LastFM se sont mis à collecter des millions de données. Echo Nest, la société récemment achetée par Spotify, a fait de l’analyse de ses données sa spécialité. Les écoutes, les « like », toutes ces micros informations recueillies sont ensuite digérées pour créer des recommandations. Dans leur base de données, tous les morceaux sont analysés : artistes, labels, genres musicaux, rythme ou timbre…  puis méticuleusement classés. C’est en associant les chiffres sur les comportements des utilisateurs et leur base de donnés que l’algorithme forme une toile de recommandation logique, donc pertinente.

Les investissements massifs des grandes plateformes de streaming pour acquérir les technologies de recommandation les plus pointues prouvent à nouveau l’importance de ce procédé. A l’ère du streaming, l’auditeur a plus que jamais besoin de retrouver la proximité que lui offrait le disquaire, qui connaît ses goûts mais sait également l’aiguiller sur ce qu’il n’aurait pu découvrir sans lui.

*Nombre de morceaux originaux, sans compter les doublons dus à la présence d’un morceau sur plusieurs formats