Le rachat de Beats Electronic par Apple, dont la rumeur court, et l’arrivée de la Pomme sur un marché du streaming musical en plein essor, promettent de changer la donne. Mais cela ne suffit pas à expliquer ce qui motiverait cette acquisition, pour laquelle Apple se montrerait prêt à payer le prix fort.
La rumeur selon laquelle Apple serait prêt à racheter la compagnie Beats Electronic fondée par le vétéran de l’industrie musicale américaine Jimmy Iovine et le rappeur-homme d’affaires Dr Dre, pour un montant supposé de 3,2 milliards de dollars, présage, si elle se confirme, d’une recomposition en profondeur du paysage du streaming musical à l’échelle mondiale.
La perspective de cette manœuvre de la Pomme alerte certainement au plus haut point ses concurrents direct, tels Google, Amazon ou Microsoft, et pourrait déclencher un véritable « mercato » des plateformes de streaming actuelles. En semant le doute dans l’esprit des investisseurs susceptibles de souscrire à une introduction en bourse de Spotify, elle transforme la start-up suédoise en proie de choix pour un acquéreur potentiel comme Google. Et l’américain Rhapsody, avec ses 1,7 millions d’abonnés, ou le français Deezer, présent dans 150 pays, pourraient intéresser au premier chef Microsoft. A ce petit jeu, toutes les grandes marques du streaming pourraient avoir disparu ou changé de main avant la fin de l’année prochaine.
La question reste posée de savoir ce qu’Apple rachèterait vraiment pour un prix aussi élevé. En plus de ses différents services, comme iTunes Store, iTunes Radio ou Itunes Match, la firme de Cupertino pourrait désormais proposer le streaming à la demande de Beats sur l’ensemble de ses appareils. Avec l’intégration probable, à terme, d’une technologie de reconnaissance musicale comme celle de Shazam dans son système d’exploitation iOS, la Pomme serait le seul fabricant à pouvoir offrir aux acheteurs de ses appareils toute la panoplie de services musicaux connectés disponibles aujourd’hui.
Le service de streaming de Beats, avec ses 110 000 abonnés, ne justifie pas à lui seul, cependant, une telle valorisation de la compagnie par Apple. Le fait que Beats Electronic ait réalisé, avant de se lancer dans le streaming, plus d’un milliard de dollars de chiffre d’affaires en commercialisant des accessoires audio (casques et écouteurs), sous une marque qui a déjà conquis le jeune public, ne semble pas non plus peser suffisamment dans la balance.
D’aucuns, aux États-Unis, parlent du plus gros débauchage de l’histoire, qui verraient Jimmy Iovine, très proche de Steve Jobs de son vivant, prendre les plus hautes responsabilités dans la stratégie de la firme en matière de médias et de contenus, et plus si affinités. Mais Apple pourrait aussi être acculé par ses actionnaires et par les investisseurs, avancent les langues les plus sceptiques, à dépenser un peu de son trésor de guerre accumulé au cours des dix dernières années, évalué à 150 milliards de dollars. De quoi ne pas toujours regarder à la dépense.