Marché français de la musique enregistrée 2023 : entre croissance et nouveaux challenges

Pour la 7ème année consécutive, le marché français de la musique enregistrée progresse et affiche en 2023 un chiffre d’affaires de 968 M€.
Le marché est en hausse de 5,1%, dans la continuité des scores relevés depuis 2017.

Deux marqueurs : tout d’abord, une relative stabilité (-1%) des revenus générés par les supports physiques qui représentent toujours près d’un quart des ventes.
Deuxième marqueur, une progression de 8,8 % du chiffre d’affaires des exploitations numériques, pour les 3 autres quarts.
Les ventes de musique, tous formats confondus sont en hausse de 6,2% par rapport à 2022.
Quant au droits voisins et aux revenus de la synchro, en très léger recul, ils s’équilibrent après une année 2022 exceptionnelle.

Derrière ce constat satisfaisant, on observe un revenu qui atteint tout juste 53% du niveau historique de 2002. La croissance numérique est en retard en France, comparée au Top 10 des marchés mondiaux.
La dynamique est globalement positive, mais la progression de 10% des revenus du streaming par abonnement reste trop faible pour nourrir pleinement le développement du marché alors que c’est la première source de création de valeur.
Quant au streaming financé par la publicité, il présente des résultats contrastés avec l’audio en hausse de 15% et les usages vidéo stables. Dans les deux cas, ces segments participent de façon marginale au chiffre d’affaires total : seulement 9% chacun.

2023 confirme une caractéristique hexagonale déjà perceptible ces dernières années : on recense 12 millions d’abonnements en France, soit un taux de pénétration de 16% pour l’abonnement payant, un des plus faibles parmi les principaux territoires de la musique.
La croissance des revenus de ces abonnements se tasse ici, alors que notre marché est loin d’être parvenu à maturité.

Pour les producteurs français et leurs partenaires des plateformes, les marges de progression jusqu’alors encourageantes deviennent aujourd’hui des défis à relever sans plus tarder, tant auprès des jeunes consommateurs, que des seniors.
Le développement du streaming payant est un enjeu de taille dans un contexte inflationniste ; les abonnements aux services musicaux sont en concurrence frontale avec les offres cinéma, audiovisuelles et le sport.
L’arbitrage économique du public entre ces multiples propositions est bel et bien une bataille à gagner, avec des usages de plus en plus volatils, de plus en plus concentrés sur les formules de vidéos courtes telles que TikTok, plateforme dont la popularité s’appuie sur la musique, qui nourrit 85% de ses contenus, sans pour autant la rémunérer à la hauteur de cette contribution.

Ces vidéos courtes qui avaient au départ créé une nouvelle source de visibilité et de découverte pour les nouveautés, captent et détournent désormais l’attention des fans des services de streaming audio, lesquels sont pourtant de loin la principale source de revenus des artistes et des producteurs.

Incontestable point positif de ce bilan annuel : la dynamique et les succès de la production musicale française sont au rendez-vous depuis plus de 10 ans. Il est important de souligner que ces performances formidables dépassent largement nos frontières avec le rayonnement grandissant des artistes francophones dans le monde, quels que soient les répertoires.
Avec 17 des 20 meilleures ventes d’albums 2023 et trois quarts du TOP 200, le public plébiscite cette année encore les projets des artistes produits en France – et chantant en français. Une mention spéciale pour le rap, le hip hop et le R&B, qui dominent la tête de ce classement et imposent cette scène comme la plus dynamique d’Europe.

Les artistes francophones émergents confirment eux aussi ces bonnes performances : 24 premiers albums produits en France intègrent le top 200 annuel dont « Mélo » de Tiakola qui s’invite directement en 4ème position.

Fait remarquable : une trentaine d’artistes y classent plusieurs albums parmi lesquels
Jul avec 8 projets et 5 artistes qui en placent 3 : Gazo, Grand Corps Malade, Johnny Hallyday, Taylor Swift et The Weeknd.
Les artistes féminines classent 36 projets dont plus de la moitié produits en France, soit 7 de plus que l’an dernier. A saluer tout particulièrement les performances de :
– Aya Nakamura, seule femme présente dans les 20 premières places pour un projet solo,
– Zaho de Sagazan, meilleur premier album féminin au classement annuel,
– Miley Cyrus, qui prend la première place du Top streaming 2023.

Dans un marché désormais mondial, qui n’a jamais été aussi complexe et atomisé avec la multiplication des fenêtres d’exposition offertes par les réseaux sociaux, les labels n’ont cessé de développer leur expertise.

Être aux service des artistes c’est accélérer leur visibilité dans un océan de contenus qui grandit chaque jour et développer leurs sources de revenus ; c’est aussi avoir les bons outils et les équipes qualifiées pour lire, comprendre et exploiter les indicateurs sur ces réseaux, pour développer l’engagement des fans et en faire les premiers ambassadeurs des artistes.

Au-delà de la capacité d’adaptation permanente des labels pour répondre à la galaxie des formats et des usages, l’enjeu majeur auquel est confronté la musique aujourd’hui est celui de l’intelligence artificielle.

Alexandre Lasch, directeur général, commente : « l’IA est une révolution déjà en marche pour l’aide à la création et à la diffusion des œuvres. C’est un outil formidable dès lors qu’elle est utilisée dans un environnement éthique : la transparence sur l’utilisation des contenus est essentielle pour créer de la valeur et garantir le consentement des artistes ».
Quel que soit l’interlocuteur, systèmes d’IA, réseaux sociaux, plateformes de partages ou d’écoute de musique, la responsabilité primordiale des producteurs est de conclure des accords adaptés au modèle économique de chaque utilisateur.

Aujourd’hui plus que jamais, il faut que les artistes et ceux qui investissent chaque jour dans des projets musicaux, soient correctement rémunérés pour leur travail.

Le respect de la propriété intellectuelle n’est pas une option.
C’est l’écrin qui protège la créativité humaine et les émotions qu’elle transmet.

À propos du SNEP : Le syndicat national de l’édition phonographique, est la principale organisation patronale regroupant les producteurs, éditeurs et distributeurs de musique enregistrée, partenaires des artistes de la musique. Il représente les intérêts de l’ensemble des labels français, de toutes tailles et de tous horizons musicaux, dont le chiffre d’affaires s’est élevé en 2023 à 968 millions d’Euros. Le SNEP est membre de la Fédération internationale de l’industrie phonographique (IFPI), du MEDEF, de l’UNIFAB et de la Fédération des entreprises du spectacle, de la musique, de l’audiovisuel et du cinéma (FESAC). Son conseil d’administration est composé des dirigeants des sociétés Antipodes Music, Sony Music France , Tricatel, Universal Music France, SCHERZO Production et Warner Music France.

 

 

Contact : Patricia Sarrant – 06 46 39 40 31 – patricia.sarrant@snepmusique.com