28/01/13 IRMA. Midem/Snep : une rémunération compensatoire pour corriger le transfert de valeur

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Tout en présentant une nouvelle fois un bilan économique du marché de la musique enregistrée en baisse, le Snep a abordé 3 thématiques fortes : la protection des droits de propriété intellectuelle, la défense des nouvelles productions francophones, et l’inévitable leitmotiv de ce Midem 2013, la compensation du transfert de valeur opéré au profit des intermédiaires techniques du web.

Le Blue lounge du Palais des festivals était plein à craquer pour suivre la conférence de presse du Snep, le Syndicat national de l’édition phonographique, en cette fin de matinée du troisième jour de Midem. David El Sayegh, en partance pour la Sacem, s’est prêté à l’exercice pour la dernière fois. Il était pour l’occasion accompagné en tribune de Pascal Nègre, Thierry Chassagne, Denis Ladegaillerie, Stéphane Le Tavernier, Yves Riesel et Éric Hauville.

Le numérique, seul levier de croissance

Premier constat, le marché de la musique enregistrée poursuit sa baisse en 2012, avec une chute de 4,4% pour un montant de 589,7 millions d’euros. Le physique passe même sous la barre des 400 millions d’euros (363,7 millions d’euros, -11,9%). Une situation qui ne risque pas de s’améliorer avec les difficultés rencontrées par les grandes enseignes de distribution de produits culturels. David El Sayegh rappelle au passage que « la musique est le seul produit culturel à avoir vu son prix baisser, avec la presse. » Ainsi, le prix moyen d’un album a baissé de 24% entre 2007 et 2012, passant de 14,84 euros en 2007 à 12,79 euros en 2012.

Dans le même temps, sans compenser en valeur cette chute, les ventes numériques progressent de 13% (+14.4 millions d’euros). Dans le détail, les plus fortes hausses concernent les revenus des abonnements (+36.6% équivalant à +9.5 millions d’euros) et le streaming financé par la publicité (+22.9% , équivalant à +3.2 millions). Ce qui fait dire à David El Sayegh « qu’après la Suède,la France est l’autre pays du streaming (…) alors que le marché de la téléphonie est un marché qui se meurt ». Le téléchargement reste cependant la première source de revenus. Pour le secrétaire général du syndicat, le numérique est devenu « le véritable relais de croissance pour l’industrie musicale. »

Transfert de valeur et rémunération compensatoire

Sans surprise, le Snep a également largement mis en avant le mot d’ordre de ce Midem 20013. Le syndicat appelle ainsi à corriger le transfert de valeur qui s’est réalisé au détriment des industries culturelles. Par la voix de David El Sayegh, il réclame l’instauration d’une « rémunération compensatoire pesant sur les intermédiaires techniques. » Les FAI bien sûr, mais également les hébergeurs et les fabricants de matériel. Et Stéphane Le Tavernier de poursuivre : « On n’est pas contre Youtube, on est pour la création de valeur, qui ne doit pas se faire à notre détriment. » La récente suspension par la plateforme vidéo de la monétisation a d’ailleurs fait réagir Pascal Nègre : « le modèle de financement par la publicité est nécessaire mais pas suffisant. Et s’ils arrêtent de monétiser, nous leur demanderons d’enlever nos vidéos. » Sans préciser comment cela pouvait être fait techniquement, notamment pour ce qui relève du publishing, les catalogues étant largement éclatés. Pas sûr non plus que Youtube souffre beaucoup de la perte du marché hexagonal…

Intensifier la lutte contre la contrefaçon

Pour protéger le droit de la propriété intellectuelle, le Snep propose de maintenir la réponse graduée, qui est selon David El Sayegh « certes pas parfaite, mais efficace. » de même, le syndicat propose d’intensifier la lutte contre la contrefaçon commerciale par le déréférencement. Celui-ci doit concerner les moteurs de recherche, mais également les régies publicitaires et les systèmes de paiement en ligne.

Défense des nouveautés et place de la musique dans les médias

Autre cheval de bataille, la place de la musique dans les médias. A ce propos, pour replacer le débat, David El Sayegh rappelle que « contrairement à ce qui est couramment entendu, Internet n’a pas remplacé les médias traditionnels comme principal canal de prescription. » La radio reste, à 70%, le principal vecteur de découverte. Le principal problème pointé sur la radio est celui de la concentration des programmations. Ainsi, un volant de 50 titres représente 48% des diffusions francophones, ce qui ne représente que 6% des titres envoyés aux radios. Le Snep propose donc d’instaurer un plafond dans les fréquences de rotation au delà duquel les nouveautés ne seraient plus prises en compte dans les quotas.

Pour ce qui est de la télévision, « le problème n’est pas celui de la diversité, mais celui de l’absence de musique. » Seule une plus forte contrainte pour l’exposition de la musique à des heures de grande écouté pourrait y remédier.

La mission musique : une « restructuration du ministère »

Là encore, il a été rappelé le regret de l’abandon du projet de Centre national de la musique. Tout en rappelant que « ce qui avait réuni la filière l’année dernière, c’était l’apport de « new money », les orateurs présents en tribune ont affiché une grande perplexité vis à vis de la mission musique mise en place par Aurélie Filippetti. Pascal Nègre a ’ailleurs convoqué Boris Vian pour affirmer « On nous concerte, on se concerte, on reconcerte, et à la fin, on est déconcertés. La mission musique, c’est avant tout une restructuration du ministère. »


Lire le bilan économique du Snep 2012 :

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